lundi 14 avril 2014

Hausse des tarifs d'Hydro-Québec: l'Union des consommateurs s'insurge



L’augmentation de 4,3 % des tarifs d’électricité en vigueur depuis cette semaine préoccupe particulièrement l’organisme de défense des consommateurs, notamment parce qu’elle représente une hausse moyenne de 70 $ par année.




«Cette hausse est essentiellement attribuable à des décisions politiques comme le déploiement d’éoliennes, une dépense inutile alors que le Québec nage dans les surplus d’électricité», dénonce Philippe Viel, responsable des communications à l’Union des consommateurs. Comme l’électricité accapare une proportion plus importante du budget des personnes à revenus modestes, celles-ci sont davantage touchées, déplore-t-il.

L’organisme considère qu’il n’est pas justifié ou équitable que le gouvernement utilise un service essentiel comme l’électricité pour créer une «taxe déguisée» destinée à «renflouer les coffres de l’État» plutôt qu’à assurer la saine gestion financière de l’entreprise. D’autant plus que cette taxe frappe tous les ménages de la même façon, peu importe leur revenu.

Surendettement et vie privée
Par ailleurs, l’Union des consommateurs profite de la campagne électorale pour interpeller les candidats sur plusieurs autres enjeux, dont la protection des consommateurs. Elle demande notamment aux politiciens de poursuivre la révision de la Loi sur la protection du consommateur, les travaux ayant été tablettés en 2012. Dans la mire: le projet de loi 24, visant à lutter contre le surendettement des consommateurs et à moderniser les règles relatives au crédit à la consommation. «Il faudrait par exemple hausser le paiement minimum pour les cartes de crédit», précise Philippe Viel.

De plus, les institutions financières doivent se montrer davantage responsables lorsqu’elles accordent des prêts, juge l’organisme. «Elles devraient valider la capacité réelle de payer des emprunteurs, croit Philippe Viel. Pour un prêt hypothécaire, par exemple, elles tiennent comptent du revenu brut plutôt que du revenu net. Elles devraient aussi prendre en considération les dépenses.»

L’organisme estime également qu’il est temps que les élus québécois interviennent sur les enjeux de vie privée. «Les consommateurs partagent de plus en plus des données concernant leur consommation et leur vie privée, sans connaître la portée ou les conséquences de l’utilisation de ces données, maintenant devenues l’objet d’un commerce très lucratif», dénonce le communiqué.

Des incongruités en santé
Sur le plan de la santé, l’Union des consommateurs décrie le fait que le Canada est le pays où les médicaments sont les plus chers au monde, avec la Suisse. De plus, les Québécois paient 100 $ de plus que la moyenne canadienne pour leurs médicaments. Sans compter la multiplication des frais accessoires et la course à la privatisation dans le système de santé, qui tend à augmenter les coûts pour tous.

L’organisme réclame l’instauration d’un régime d’assurance médicament entièrement public pour contrôler les coûts, de même que l’abolition de la taxe santé, qui accapare une part différente du budget en fonction du revenu. Ainsi, une personne gagnant 130 000 $ par an doit payer 200 $, soit 0,15 % de son revenu, alors que celle qui gagne 20 000 $ par an paie 100 $, soit 0,5 % de son revenu. Où est la logique?, demande l’organisme.

Paliers d’imposition
L’Union des consommateurs demande aussi une série de mesures fiscales visant à freiner les conséquences de la course au déficit zéro sur le budget des ménages. «Taxe santé régressive, indexation des frais de scolarité, hausse importante des tarifs d’électricité et de transports en commun, coupures à l’aide sociale, prochainement une hausse des tarifs de garderie, etc. Du même coup, presque rien n’est fait pour lutter efficacement contre la pauvreté ni pour assurer une meilleure redistribution de la richesse», dénonce l’organisme.

Il propose l’ajout de dix paliers d’imposition des revenus des particuliers. «Cela rapporterait un milliard de dollars à l’État», soutient Philippe Viel. L’organisme juge également que l’impôt des entreprises, qui «ont bénéficié de cadeaux fiscaux trop généreux», devrait être augmenté de 15 % afin de récolter 1,22 milliard de dollars supplémentaire. Enfin, il demande le rétablissement de la taxe sur le capital pour les institutions financières, ce qui rapporterait 600 millions de dollars au trésor public.



Source: Nathalie Côté

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